mercredi 24 avril 2013

Devez-vous craindre une pénurie d’or et d’argent ?

Après son article sur le marché de l'argent et la bataille que se livrent les Etats-Unis et la Chine, Cyrille Jubert nous parle cette fois ci de la pénurie d'or et d'argent qui guette l'ensemble des acteurs et utilisateurs de métaux précieux.


Dans notre premier article, nous avons vu que, face à la dévaluation progressive du dollar, la Chine avait favorisé l’investissement dans les métaux précieux – or mais aussi argent – jusqu’à passer d’exportatrice nette à importatrice nette. Autre facteur de demande : le succès de l’argent-papier. Alors que la demande pour l’argent physique ne cesse d’augmenter, la pénurie de pièces guette.

L’US Mint, qui produit des pièces d’argent, ne peut répondre à la demande

Les ventes de pièces d’argent Silver Eagles de l’US Mint flambent.



En 1996, 3,4 millions de pièces ont été vendues dans l’année contre 14,2 millions en seulement 3 mois en 2013.

De 1998 à 2007, les ventes de Silver Eagles s’établissent en moyenne à 9,5 millions de pièces par an.

En 2008, les ventes doublent, montant à 19,5 millions, puis 28,7 millions en 2009, 34,6 en 2010 et 39,8 en 2011.

En 2012, les ventes ont été limitées à 33,7 du fait de l’épuisement des stocks de l’US Mint contrainte de fermer ses guichets à plusieurs reprises, notamment en décembre.

Pendant ce temps la production minière d’argent aux Etats-Unis a chuté de 1 270 tonnes en 2010, à 1 160 t en 2011 et 1 050 t en 2012.

La densité d’argent dans les minerais a fortement baissé partout dans le monde

Il faut extraire et raffiner plus de tonnes de minerais et donc consommer plus d’énergie pour obtenir la même quantité d’argent.

L’année dernière, les mines américaines n’ont produit que 37 millions d’onces d’argent, dont 33,7 millions ont été vendues sous forme de pièces.

Simultanément, l’argent de la récupération est passé de 1 710 à 1 500 t.

Le rapport USGS montre que les Etats-Unis exportent de l’argent

La très forte demande de livraison d’argent physique sur le marché de Londres, notamment par des hedge funds asiatiques, a imposé aux Américains de mai à août des exportations exceptionnelles d’argent vers Londres.

Les Etats-Unis ont-ils dû voler au secours du London Bullion Market Association sur le point de faire défaut, comme le dénonçaient quelques analystes ?

L’offre mondiale d’argent physique n’est pas élastique

Début janvier, Apple annonçait des délais de livraison de 3 à 4 semaines pour ses ordinateurs de dernière génération, alors même que la firme n’en avait pas livré depuis 10 semaines. Des retards dus à une pénurie d’argent-métal en Chine.

Quelques semaines plus tard, un reportage montrait les stocks d’argent constitués par un consortium automobile allemand, qui voulait éviter le blocage de ses lignes de production à cause d’une pénurie de métal blanc.

Dès le mois d’octobre 2012, Bloomberg publiait l’interview d’un spécialiste chinois de l’argent, qui anticipait une hausse de 10% de la demande chinoise en 2013, alors que celle-ci avait déjà augmenté de 6% à 8% l’année dernière.

L’industrie informatique attend une hausse de 9% de la demande en 2013 et donc un accroissement proportionnel des besoins en argent.

Le marché de l’argent en pénurie chronique depuis 70 ans ne peut pas supporter un tel accroissement de la demande sans une très forte hausse des prix.

Les crises monétaire et bancaire couvent

Il semblerait que certains aient anticipé une aggravation de la crise bancaire et monétaire de mars 2013 en cessant de se contenter de détenir de l’or papier, mais en demandant livraison d’or physique. De fortes ventes ont été constatées sur certains ETF aurifères.

En février 2013, sur le Comex, il y a eu une demande record de 43,26 tonnes d’or à comparer aux 10 tonnes du mois de décembre, qui est théoriquement le mois le plus chaud de l’année pour les demandes de livraison aux Etats-Unis.

Certains acteurs sont en train de ramasser tout ce qu’ils peuvent

Harvey Organ, qui suit quotidiennement les mouvements de métaux précieux du Comex depuis les années 70, n’avait jamais vu une telle demande par le passé. Il rajoutait que le Comex est essentiellement un marché d’or-papier et que, pour que les investisseurs demandent une livraison aux Etats Unis, il fallait que le marché de Londres soit en difficulté et que les entrepôts du LBMA soient vides.

Sur le Comex, le mois de mars n’est pas habituellement un mois de livraison, néanmoins 13 tonnes ont dû y être livrées.

Mercredi 27 mars, l’une de ses sources à Londres du chroniqueur spécialisé Ted Ferguson signalait que, dans la matinée, la plus grosse allocation d’or-physique de l’année et l’un des plus gros tonnages d’argent avaient changé de main sur le LME.

Le même jour sur le Comex, les demandes de livraison le premier jour se sont montées à 41,6 tonnes. Certains acteurs sont en train de ramasser tout ce qu’ils peuvent, avant que la musique ne s’arrête dans ce jeu de chaises musicales. C’est indéniable.

ABN AMRO a prévenu ses clients dans la dernière semaine de mars, qu’à dater du 1er avril, ils pourraient continuer à trader l’or, mais qu’ils ne pourraient plus demander de livraison d’or physique par le biais de la banque.

Est-ce cela qui a provoqué la chute de moitié du volume d’avril sur le Comex ?

Pour beaucoup, le piège s’est refermé le 1er avril. Les piégés ont désormais leur trésorerie enfermée dans “le système” et subiront les bail-in successifs imposés par la troïka à chaque crise bancaire, puisque le modèle utilisé à Chypre semble devoir être institutionnalisé dans l’ensemble du monde occidental.

Article original ICI.

1 commentaire:

  1. Pourquoi dans ce cas les cours ont autant dégringolés ?
    Est une tentative désespérée du cartel pour essayer de faire peur à ceux qui investissent dans les MPX ?
    Ou bien, cette baisse serait elle faite pour leurs permettre d'acheter du physique à prix bradés ?

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