vendredi 17 décembre 2010

Tout ce qui brille n'est pas or !

Aujourd'hui, je vous livre une superbe analyse de Roque publiée sur le site ProAT.

L'auteur reprend un article d'avril 2009 qu'il a mis à jour avec les données actuelles.

On y trouve un historique très complet de l'or et de l'argent, du ratio entre ces 2 métaux précieux, ainsi qu'une analyse actuelle et futur sur le métal gris. Je vous recommande particulièrement les graphiques, qui sont les plus clairs et précis que j'ai vu sur le silver, sa production, sa demande et le ratio or/silver.



L'or a en effet plusieurs brillants partenaires dans le club très fermé des métaux précieux.

Platine ou palladium ne sont pas à la fête aujourd'hui. Ces métaux rares, très utilisés par l'industrie automobile, subissent directement le retournement brutal de ce marché notoirement en surcapacité de production. À court terme les prix de ces métaux risquent de rester poussifs, alors que sur un horizon long terme les perspectives sont plutôt positives du fait du désinvestissement en cours sur ce secteur et qui produira dans quelques années une situation de pénurie.

Mais le métal dont je voudrais vous parler c'est celui qui, comme l'or, a longtemps servi de monnaie; je veux parler de l'argent.

Historiquement les premières monnaies (VI-VIIème siècle avant notre ère) étaient faites d'or et d'argent à partir d'un alliage naturel baptisé électrum (que l'on trouvait en abondance dans un fleuve célèbre d'Asie Mineure, le Pactole en grec Paktolos ou Pactolus en latin). Selon la légende c'est Midas qui, en s'y plongeant pour se défaire de son don (il transformait tout ce qu'il touchait en or), aurait déposé cet alliage précieux dans le lit du fleuve. Cette légende nous a légué l'expression célèbre “toucher le Pactole”.

Compte tenu de la rareté de l'or, l'argent a été pendant très longtemps le métal le plus employé pour la frappe de monnaie. Certains pays comme la Chine n'ont d'ailleurs connu dans leur histoire pratiquement que des monnaies d'argent. La cohabitation entre les monnaies d'or et d'argent, ou bimétallisme, n'a pas toujours été facile. Ceci pour une raison très simple théorisée au XVIème siècle par le financier Thomas Gresham dans une loi éponyme qu'il résumait ainsi « Bad money drives out good » ou « La mauvaise monnaie chasse la bonne »1.

En effet dans un régime bimétallique le rapport de valeur entre l'or et l'argent est fixé de façon arbitraire par l'état en exprimant la valeur de chaque métal dans la monnaie nationale. Ce ratio a d'abord été fixé à 10 dans l'Antiquité, puis autour de 15 au Royaume Uni jusqu'à la fin du XIXème siècle.


Nota: Prix de l'once d'argent en £ courant représenté en semi-log (échelle de droite)

Néanmoins sans concertation internationale ce ratio peut conduire à la disparition d'une des deux monnaies métalliques.

Pour expliciter concrètement cette loi de Gresham prenons le cas du Royaume Uni et des Pays-Bas au XVIIIème siècle. À l'époque la Hollande était la puissance financière mondiale. Le ratio entre l'or et l'argent était fixé à 15. Dès lors ce ratio faisait office de norme internationale.

Du côté britannique, après la grande réforme monétaire de la fin du XVIIème siècle le ratio or/argent fut fixé à 15,5.

L'or britannique était donc surévalué. Les frais de transformation et de transport mis à part, il était donc plus intéressant pour un spéculateur britannique d'exporter ses pièces de monnaie d'argent et d'importer de l'or pour le faire frapper en monnaie britannique. Après quelques années et constatant la disparition de la monnaie d'argent (ce qui posait un problème pratique pour le règlement des petits montants) les autorités britanniques dévaluèrent le prix de l'or en ramenant le ratio à 15,21 (alors que le reste de l'Europe était à 15). Malgré tout la situation devait perdurer conduisant à la disparition progressive et inexorable de la monnaie d'argent. De fait le Royaume-Uni était entré dans un système monétaire basé sur l'étalon or.

La « mauvaise » monnaie (ici l'or sur-évalué) avait chassé la « bonne ».

Le même phénomène devait se produire au sein de l'Union Latine (Belgique, France, Italie et Suisse) dans les années 1850. Les découvertes importantes d'or aux Etats-Unis, en Australie puis en Afrique du Sud firent chuter le prix commercial de l'or alors que ces pays maintenaient un ratio or/argent de 15,5 depuis 1803. La surévaluation de l'or de l'Union Latine devait conduire à l'épuisement de la monnaie d'argent et à l'abandon du bimétallisme en 1865.

Héritées de cette époque, quelques banques centrales conservent encore des réserves d'argent.
Ces réserves sont estimées à moins de 3000 tonnes détenues principalement par la Chine, l'Inde et la Russie.

La production annuelle d'argent en 2007 ayant été d'environ 30000 tonnes (les chiffres varient selon les sources entre 28000 et 34000 tonnes), dont 20 900 tonnes d'origine minière, le stock total des banques centrales représente donc au plus 10% de la production annuelle mondiale d'argent ou 14% de la production extraite annuellement.

La suite ICI.

Et n'oubliez pas de voter pour la plus belle pièce en argent de l'année 2010 !

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